Mes lectures 2011 – 3


Nage libre

Suite et fin des lectures 2011, enfin pour ce dont je me souviens…

Nage libre, Nicola Keegan. Il n’est pas très facile de parler de ce bon livre, car il ne se résume pas à l’histoire qu’il raconte ; il y a quelque chose dans le style de l’écriture qui lui apporte aussi une bonne part d’originalité. On suit la vie de Philomena,  une enfant à l’histoire familiale compliquée. Elle aime l’eau et devient nageuse de compétition. La natation lui permet d’oublier ce lourd univers familial, un peu comme on mettrait la poussière sous un tapis. Mais forcément ça ne peut durer qu’un temps, et à un moment, ça craque. J’avais eu envie de le lire devant cette critique, et je ne regrette pas mon achat.

Un roman français, Frédéric Beigbeider. J’avais lu 99 francs et pas vraiment aimé, mais voilà, j’avais plutôt entendu du bien de ce roman français, et il est tombé sous mes yeux à la médiathèque. Plutôt une bonne surprise.  Je ne sais pas à quel point le livre est autobiographique – il faut sans doute plutôt parler d’autofiction ? –  mais la sincérité qui en ressort est touchante. J’ai plutôt pris le parti de faire comme si le personnage qui dit « Je » n’était pas le vrai Beigbeider, mais un personnage de fiction. L’histoire : mis en détention après avoir sniffé des produits illicites sur un capot de voiture, le narrateur renoue avec des souvenirs de son enfance dont il avait tout oublié et reconstruit son histoire familiale complètement occultée jusque-là (ou comment la petite histoire rejoint la grande). Comme je l’ai dit, j’ai bien aimé la sincérité du personnage – dont je doute qu’elle soit réellement celle de l’auteur – la construction en alternant présent / passé, les clins d’oeil à certain trucs générationnels  (boire du Fruité c’est plus musclé) même si on ne fréquentait pas les mêmes milieux.   Un bon moment.

Les AnnéesLes années, Annie Ernaux. J’ai beaucoup aimé ce livre (mon livre préféré de l’année ?), bien qu’à première vue, il ne s’adresse pas forcément à ma génération. Annie Ernaux se penche sur sa vie, le roman étant régulièrement scandé de descriptions de photos d’elle-même qui permettent d’avancer peu à peu dans le temps, depuis son enfance dans les années 40 jusqu’aux années 2000. Mais ce n’est pas un roman autobiographique.  Il n’y a pas d’histoire, il s’agit plutôt de souvenirs universels, communs à tous ceux qui auraient vécu ces époques-là : c’est le côté ludique du livre, un peu comme la chanson ‘Les filles de 1973‘ de Vincent Delerm, si on veut.  Évidemment s’y mêlent aussi des souvenirs personnels : tout le monde n’a pas ressenti cette différence de classes sociales durant ses études, tout le monde n’a pas forcément envie d’écrire, mais tout ça est toujours abordé avec beaucoup de distance (ce n’est pas « Je », c’est « Elle »). Et il est passionnant de voir comment la société de consommation a évolué, de la fin de la guerre où il n’y avait rien, à l’apparition des appareils ménagers qui changent vraiment la vie, jusqu’à l’ère du gadget où nous sommes aujourd’hui. De voir comment les conditions des femmes ont changé : pilules, avortement, divorce, … De voir l’évolution des repas de famille depuis 50 ans… Alors il faut apprécier l’écriture froide et distanciée, mais c’est sans doute le meilleur bouquin que j’ai lu cette année.

La pitié dangereuse, Stefan Zweig. J’essaye d’écouter l’émission « Ca peut pas faire de mal » en podcast le matin dans la voiture, et c’est en écoutant un extrait de cette nouvelle lue par Guillaume Galien, accompagné pour l’occasion par l’excellente Zabou Breitman que j’ai eu envie de lire ce roman. Stefan Zweig est plus connu pour ses nouvelles, mais je n’étais jamais arrivé à m’y mettre. Anton, un officier militaire, nous raconte comment dans sa jeunesse, quelques temps avant la première guerre mondiale, il a pris en pitié une jeune fille paralytique. Le livre analyse finement les sentiments qui animent les divers personnages et les poussent à commettre leurs actions, les réactions sont bien vues et l’ensemble montre bien que la nature humaine n’est pas toujours très glorieuse.

J’ai aussi lu quelques BD parmi celles que Marc achète ou rapporte de la médiathèques, mais aussitôt lues, aussitôt oubliées. Parmi celles qui ont survécu dans ma mémoire :

Asterios PolypAsterios Polyp, David Mazucchelli. Asterios est un architecte qui quitte sa vie bien rôdée à New York pour partir sur les routes quand son appartement est détruit par un orage. Le roman oscillle entre le présent – le périple d’Asterios – et le passé – Astérios se souvient de sa vie. On découvre un personnage assez imbu de lui-même, que sa femme finira d’ailleurs pas quitter. Il essaye de faire sens de son existence et ce n’est pas toujours évident. Si j’ai lu ce roman graphique (c’est ce qu’on en dit) avec plaisir, je n’ai pas non plus spécialement accroché.

Coucous Bouzon, Anouk Ricard. Une histoire complètement loufoque sur le monde de l’entreprise. Richard est embauché par une PME qui fabrique des coucous (horloges). Le patron autoritaire et tyrannique gère ses salariés au gré de ses idées toutes plus délirantes  les unes que les autres (notamment un épisode de team-building en forêt, pour faire comme les autres, mais en pas cher) ; les salariés se tirent tous ou plus dans les pattes les uns des autres ; la disparition d’un salarié entraîne le tournage d’un reportage qui ne fait pas honneur à la télévision, … Ne vous fiez pas au dessin plutôt simple et enfantin avec ces personnages en animaux : il s’agit d’une vision pas très glorieuse et dénonciatrice de l’entreprise, en plus délirant que Dans mon Open Space qui traite un peu le même sujet (la vie en entreprise avec des animaux antropomorphes).

En cuisine avec Alain Passard, Christophe Blain. Christophe Blain a suivi Alain Passard, le cuisinier-jardinier, dans son restaurant, sa cuisine et ses jardins. Le geste précis du cuisinier est fascinant, il y a des recettes en BD et au final, ça donne grandement envie d’aller à l’Arpège, le restaurant.Très recommandable.


    

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