Mes lectures 2012 – 2 – Les romans


La collègue tatouée, de Margherita Oggero. Nous avions acheté ce livre lors de notre séjour à Turin, l’intrigue se déroulant dans cette ville, mais je ne l’avais pas encore lu. J’ai eu beaucoup de mal à entrer dans le livre, il m’a bien fallu 100 pages pour arriver à lire de façon fluide le style façon j’écris-comme-je-pense sans trop de ponctuation qu’on retrouve souvent quand il s’agit de montrer ce à quoi pense l’héroïne. Ensuite, ça a été mieux et j’ai fini par apprécier cette histoire de meurtre un peu improbable d’une professeure de collège / lycée,  riche (et tatouée), menée par une de ses lointaines collègues qui la connaissait très peu.  On retrouve effectivement Turin, la colline, le parc Valentino, les cafés, c’est assez vivant avec un petit côté italien  : ça change un peu !

The Mysterious affair at Styles, The secret of Chimneys, The man in the brown suit, The secret adversary, Murder on the links, de Agatha Christie. Voilà, j’ai commencé à lire les romans policiers d’Agatha Christie en anglais. Je les lis dans l’ordre d’écriture. Dans ces premiers romans, on est plus sur des histoires d’espionnage que sur des meurtres purs et durs ; je ne me souvenais pas qu’il y avait autant de romans de ce genre. Et Hercule Poirot est loin d’être présent dans tous (2 sur 5), ce n’est pas encore le personnage principal. C’est léger, ça se lit bien, bref, une collection à continuer.

Hypothermie, Arnaldur Indridason

Finie la légèreté, on entre dans le lourd, le plombant. Revoici notre inspecteur islandais favori qui se plonge cette fois-ci dans ce qui apparaît un suicide, tout en poursuivant de loin une vieille enquête de disparition pas encore élucidée. On voit son intérêt pour les disparitions devenir presque « maladif » quand il s’entête ainsi sur des cas qui paraissent perdus d’avance ; mais d’un autre côté, ne suit-il pas simplement son instinct de policier ?  Sa vie privée évolue toujours en parallèle de ces enquêtes : ça va mieux avec ses enfants, et voici même qu’il revoie son ex-femme !  J’adhère toujours au personnage et à ce côté grisâtre des enquêtes dans le froid pays islandais.

Rien ne s’oppose à la nuit, de Delphine de Vigan.

On reste dans la noirceur avec ce roman dans lequel  Delphine de Vigan tente de raconter sa mère, et par là-même une partie de sa triste (et un peu glauque, quand même) histoire familiale au cours de laquelle pas mal de gens sont morts un peu trop tôt. La grande réussite de ce  roman réside dans l’alternance entre la narration de la vie de sa mère, et les questions que l’auteur se pose pour la raconter, au fur et à mesure. C’est très maîtrisé, bien dosé, ça entretient un certain suspense, ça éclaire l’histoire.  Par contre, j’ai été très énervée par un procédé un peu malsain qui revient plusieurs  fois et qui consiste à tenir le lecteur en haleine en lui disant « mais après ce grand malheur, il va y avoir d’autres bien pires, stay tuned  si vous voulez  connaître les horreurs qui ne manqueront de venir ». Beurk, j’ai failli lâcher le livre, mais le reste le rachète et fait que ça vaut le coup.

La carte et le territoire, de Michel Houellebecq

Ce n’est pas Houellebecq qui va apporter un peu de gaité dans cette page. Des tas de gens avaient dit du bien de ce roman, donc je me suis remise à Houellebecq, mais le (soi-disant) génie de cet auteur me passe au-dessus. J’ai bien aimé ce bouquin, l’histoire de cet artiste qui va rencontrer le succès (devrait-on dire faire le buzz ?) avec son idée toute bête de photographier des cartes Michelin et leurs paysages, le côté un peu ridicule, surfait, bidon de tout ça avec le parrainage de Michelin, le microcosme des gens célèbres de Paris, … ; j’ai bien aimé la mise en abîme qui consiste pour Houellebecq à se mettre en scène dans son propre roman comme un personnage, même si la profondeur de la chose m’échappe complètement. C’est désabusé, mais nettement moins cynique que l’extension du domaine de la lutte : il  y a une sorte de tendresse, un peu de vrai amour, de tentative de se comprendre. Mais, désolée, je n’ai pas vu le côté chef d’œuvre annoncé partout.

Ecrire la Vie, de Annie Ernaux

Ce livre est en fait une anthologie de l’œuvre d’Annie Ernaux. Je n’ai pas encore lu tous les romans qui y sont contenus, mais une bonne partie. Dans chacun de ses livres, Annie Ernaux raconte sa vie, mais de façon extérieure,  pour que chacun puisse s’y retrouver. Son écriture est assez froide sans être impersonnelle ni dénué de sentiments, c’est toujours juste, sans fioriture et sans fausse pudeur. Mais ce n’est pas souvent joyeux.  On y trouve ainsi

  • le récit de son enfance, où elle apprend à séparer sa vie familiale (milieu modeste) et scolaire (école privée) : c’est La honte qui est vraiment très bien vu sur les difficultés du passage d’une classe sociale à une autre,
  • le récit de son avortement clandestin (L’évènement),
  • son père (La place),
  • sa mère via Une femme, et Je ne suis pas sortie de ma nuit, écrit pendant la maladie d’Alzheimer de cette dernière
  • une histoire de jalousie maladive (L’occupation)
  • Journal du dehors, que j’avais déjà lu, et qui est une succession de petits instantanés sur la vie en banlieue parisienne, qui dans un style complètement différent me fait penser à La vie secrète des jeunes de Riad Sattouf.

Et d’autres. Difficile à lire d’une traite car un peu déprimant peut-être, il vaut mieux lire chaque histoire les unes après les autres.

Le chagrin du roi mort, de Jean-Claude Mourlevat

Un peu d’optimisme (tout relatif) pour ce dernier livre, un roman pour adolescent pas neuneu. La première partie nous présente deux frères dont la naissance est entachée d’un secret qui va se révéler lorsque le roi de leur pays meurt, et qui va les séparer. Dans une seconde partie, les deux enfants sont devenus de jeunes adultes qui se trouvent embarqués dans les camps opposés d’une guerre entre deux terres. L’écriture a certes un côté « pour enfant », mais le monde enneigé de ce roman est prenant, avec sa sorcière farfelue, sa gigantesque bibliothèque, … Et la fin évite un happy-end trop évident pour une sortie très mature sans être complètement triste.

    

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